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DISTINCTION ENTRE
SA PROPRE PERSPECTIVE ET LA PERSPECTIVE D’AUTRUI
corrélats neurophysiologiques chez l’homme
soutenue publiquement le 5 décembre 2002
à l'Université Claude Bernard - Lyon I
Jury :
Monsieur le professeur Marc Jeannerod
Madame le professeur Dominique Boisson (président)
Madame le professeur Marie-christine Hardy-Bayle (rapporteur)
Madame le docteur Christine Deruelle (rapporteur)
Monsieur le professeur Jean Decety (directeur de thèse)
Résumé :
Chacun fait l’expérience du monde avec un point de vue qui lui est propre. Cette expérience n’est pas
directement connaissable, puisqu’il n’est pas possible d’accéder directement au contenu des pensées
d’autrui. Il est cependant nécessaire, pour communiquer et pour interagir avec autrui de pouvoir, si ce
n’est connaître, au moins évaluer, quelle est son expérience subjective. C’est ce que permet la prise de
perspective d’un individu. La théorie de la simulation fait l’hypothèse que A évalue l’expérience
subjective de B en simulant l’expérience qu’il aurait lui même s’il était dans la situation de B. Dans le
domaine neurophysiologique, plusieurs études ont montré en faveur de cette hypothèse, que des
ressources neuronales communes sont recrutées pour faire une expérience avec une perspective en
1ère personne et avec une perspective en 3ème personne. Tout un chacun sait cependant attribuer une
action, une connaissance, ou une émotion à autrui, sans ressentir d’ambiguïté et avoir de difficulté à
faire la distinction entre sa propre expérience et celle qu’il attribue à autrui. L’objectif de cette thèse a
été de rechercher quelle activité neurophysiologique distinguait une perspective en 1ère personne d’une
perspective en 3ème personne dans plusieurs domaines de connaissance. Une première étude en
tomographie par émission de positon chez le sujet sain, a comparé les corrélats neurophysiologiques
d’une perspective en 1ère personne et d’une perspective en 3ème personne dans le domaine de l’action,
une deuxième dans le domaine conceptuel neutre et une troisième dans le domaine des émotions.
Trois régions cérébrales distinguant ces deux perspectives ont été mises en évidence quel que soit le
domaine de connaissance et la personne dont les sujets devaient prendre la perspective. La
comparaison des conditions de perspective en 1ère personne aux conditions de perspective en 3ème
personne a révélé, des activations dans le cortex somatosensoriel et la comparaison inverse a montré
des activations dans le cortex frontopolaire et dans le cortex pariétal inférieur droit au niveau de la
jonction temporo-pariétale. Ces résultats soutiennent l’idée que ces trois régions jouent un rôle central
dans la distinction entre soi et autrui. En regard des résultats de la littérature, l’activation du cortex
somatosensoriel est interprétée comme associée à la représentation de soi c’est-à-dire au sens du
«soi» et donc à l’expérience en 1e personne quelle qu’elle soit. Nous faisons l’hypothèse que l’activation
du cortex frontopolaire est liée à l’inhibition nécessaire de la perspective propre pour prendre la
perspective d’autrui. Finalement l’activation du cortex pariétal inférieur droit pendant la prise de
perspective d’autrui conforte l’idée que cette région joue un rôle dans la comparaison entre la
représentation de soi et la représentation d’autrui.